
Tout
commence un jour de 12 janvier 1960 en Tunisie, pays de naissance
d’Élie Kakou,
s’en poursuivi une enfance passé à
Marseille. Dés
son plus jeune âge, Élie
s’amusait à faire rire son entourage. Puis sa
carrière débuta au Club Med dans
les années 80, il fit sa première apparition
à la
télévision dans l’émission
d'Arthur puis
dans participa à plusieurs reprises aux émissions
de
Fabrice "la classe" sur France 3.Il débuta sa
carrière à Bobino, il fit ensuite sa
première
grande scène parisienne
au Point Virgule en 1991. Puis son succès se
concrétisa
dans cette salle
mythique parisienne, que tant d’artistes ont
frôlé
les planches, L’Olympia en
1994.
En
autre d’être humoriste, Élie avait
commencé une
carrière d’acteur. Il avait à
son actif, quatre films, et pas des moindres puisque l’un
d’entre eu un succès
phénoménal sur le grand écran,
« La
vérité si je mens »
réalisé en
1997 par Thomas Gilou, au côté de José
Garcia,
Richard Anconina, Bruno Solo et
tant d’autres. Dans la même année, il
fut sans le
savoir son dernier spectacle
au Cirque d’ Hiver en 1997.
Élie eu en sa possession plusieurs cordes à son arc, il eu un succès fulgurant en tant que one man show et en tant qu'acteur. L'humoriste à la voix irremplaçable et inimitable décéda en pleine gloire des suites d’une longue maladie à Paris en 1999, laissant derrière lui, Mémé Sarfati bien orpheline. Si vous souhaitez vous recueillir sur sa tombe, Elie repose au côté de sa soeur, au cimetière juif des Trois Lucs, quartier de l'est de Marseille.
Dernière interview d'Elie :
Voici la dernière interview, elle eut lieu fin avril 1999, quelques mois avant qu'il ne nous quitte.
Fin avril, alors qu’il était déjà très faible, il nous avait reçu dans son appartement parisien. Il nous parle pêle-mêle de ses deux derniers films, de ses débuts, de son judaïsme… et de la rumeur publique. Élie Kakou est marseillais d’origine tunisienne. En cette fin du mois d’avril où les rumeurs sur sa mort vont bon train, il nous a reçu dans son loft parisien, quasi immobile sur un canapé, déjà très affaibli. Des bords de la Méditerranée à la populaire rue de Montreuil, Élie nous a offert thé à la menthe et makroud. Derrière la cheminée trônait un portrait du président de la République… Élie Kakou.
Cela fait un an que vous vous êtes retiré de la scène médiatique. Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?
J’aurais préféré que vous me demandiez : ça fait combien de temps que vous tournez pour prendre une année sabbatique ? (Silence.) Vous savez, le corps se venge. Je fais des salles de 3 000, 6 000 personnes… Ils veulent tous me parler, me toucher au point que j’ai parfois l’impression d’être une mezzouza. Vous savez, j’ai une technique : je donne d’abord des autographes. Ceux qui sont persévérants ont le droit à la bise dans un deuxième temps. On a toujours envie de faire plus pour les fans, on a envie de les régaler…
Il y a quelque temps, le Canard enchaîné avait publié un article sur les célébrités que la presse avait enterrées prématurément, Daho, Adjani, Chevènement, etc. Lorsque la rumeur de votre mort a commencé à circuler dans Paris, comment avez-vous réagi ?
J’ai eu de la peine, énormément de peine. (Silence.) J’ai même fait un zona. C’est à la bar-mitsva de mon neveu que j’ai appris ça… ça m’a fait un choc terrible, d’autant que c’est la radio de la fréquence juive qui a annoncé cette horreur sans la vérifier ! Faire du mal à mes proches et à mes amis, tout cela pour me faire perdre le moral et me déstabiliser. Heureusement, je suis soutenu, grâce à Dieu.
Après vos célèbres personnages de Madame Sarfati et de Fortunée, que pensez-vous pouvoir présenter dans vos prochaines prestations ?
J’ai d’abord un beau projet en Angleterre. Faire des adaptations de mes sketches en anglais pour l’émission Eurotrash, avec Antoine de Caunes. J’entrevois de passer la frontière. On m’a toujours dit : vous êtes trop visuel, vous faites pas assez de textes ! C’est ce côté-là qu’on me reproche le plus ! Alors que moi, c’est ce qui me fera passer la frontière. Pour l’instant, je ne monte pas sur scène, je suis très occupé par la promotion des films dans lesquels j’ai tourné… (Silence.) Je suis aussi très touché par la déportation, bien que ma famille n’ait pas été massacrée comme beaucoup de familles ashkénazes. À ce propos, j’ai fait un sketch : c’est Madame Sarfati qui entre dans une banque en Suisse, elle veut changer ses 500 francs et elle vérifie bien qu’on lui donne l’équivalent de… 500 francs. (Silence.) En fait, le cinéma, c’est facile, c’est reposant. Enfin, à part le fait que j’ai tourné deux films qui vont sortir coup sur coup, pas grand-chose. Vous savez, la scène, c’est fatiguant. Quand je produisais mon spectacle à Nouméa, à Tahiti, au Maroc, au Canada, j’arrivais comme une star, et en même temps, comme prendre des vacances, tout en travaillant.
Justement, de quoi parlent ces films ?
Dans Prison à domicile (sorti mercredi dernier, NDLR), j’ai un rôle à contre-emplo). Je suis un commissaire de police alsacien. Le sujet est d’actualité. Vous connaissez la dernière trouvaille de la police : il s’agit de faire porter un bracelet électronique inviolable aux petits délinquants pour pouvoir les laisser en liberté tout en contrôlant leurs allées et venues. Mais le système informatique va se détraquer et au lieu de faire sortir un petit voyou, je me trompe et fait sortir un tueur.
Dans Monsieur Naphtali, je suis le patient d’un médecin qui se prend d’amitié pour moi. Je suis un célibataire boute en train, et lors d’une fin de semaine à la campagne avec ses amis, je vais être le révélateur de leur existence. Je vais leur faire prendre conscience de leur couple, de leur beauté, de leurs failles. (Silence.) En fait, je n’ai pas arrêté de faire du cinéma toute cette année, j’adore ça.
Quel genre de rôle aimeriez-vous jouer maintenant ?
(Silence.) Franchement… je ne sais pas.
En posant la question différemment : Quel est votre film préféré ?
C’est Funny Girl, avec Barbra Streisand. C’est l’histoire d’une comique juive qui pousse les portes et qui, à force de détermination, devient une star.
Un peu comme vous ?
C’est vrai, c’est ce que j’ai essayé de faire. J’en parle dans un sketch. C’est l’histoire d’un malade mental qui dit tout le temps : " J’ai pas assez souffert avant d’être célèbre ! " C’est un peu vrai pour moi. Chaque fois que j’ai galéré, c’était toujours tranquille. Même quand j’ai commencé au Club Med, c’était la période où je galérais. C’est là que j’ai créé le personnage de Madame Sarfati. Puis, de retour à Marseille, j’ai joué dans une salle, une petite salle, la Paillote. Là, j’ai réalisé que les gens étaient prêts à payer pour me voir. Mon cachet était de 200 francs par soir. Alors, 200 + 200… J’ai décidé, une fois mon diplôme de prothésiste en poche, et pour ne pas faire rager ma mère, de monter à Paris. J’en ai vite eu marre de la grisaille, des petits boulots, et que toutes les salles me répondent : " Il faudrait que vous fassiez de la télé, et vous aurez une salle… " Ma salle, c’est le Club Med qui me l’a donnée. Dans la cassette vidéo que j’ai faite à Agadir, puis en Sicile, apparaît déjà Madame Sarfati. Jusqu’au jour où on m’a demandé de faire le sketch du professeur - celui qui est hystérique, vous savez ! - à Bobino, à Paris. Guy Lux était dans la salle. Il m’a vu. Il a flashé sur moi. Le lendemain, il m’a appelé et m’a dit : vous allez faire la Classe sur France 3. Peu après, je suis retourné voir le patron du Point-Virgule, et je lui ai dit : " Ça y est, j’ai fait de la télé, où est la salle ? " (Rires.) Au début, je jouais les jours de relâche des autres comédiens. Puis le succès est arrivé. Simplement.
Et si l’on vous pose des questions sur vos rapports au judaïsme, vos liens avec Israël et la communauté juive, vous répondez ?
Tout d’abord, il faut que vous sachiez que j’ai commencé à faire mes sketches quand j’étais membre d’un mouvement de jeunes juifs de la gauche sioniste. (Silence.) Qu’est-ce qu’on rigolait… (Silence.) J’aimerais bien jouer un jour en Israël, ce serait un rêve. Mais, en même temps, je me sens tellement bien là-bas, que l’idée d’être à l’affiche risquerait de me faire perdre mon anonymat.
Mais les gens vous connaissent là-bas, puisqu’ils vous voient sur TV5…
Oh, très peu. Si je fais des choses en Israël un jour, ce sera pour les enfants. J’aime donner du bonheur et de la joie.
Et votre judaïsme ?
Je le dis : je respecte toutes les fêtes. J’essaie de faire sabbat chez les autres quand je suis à Paris. Mais, à Marseille, les vendredis, pour moi, c’est le couscous du sabbat. Ma mère est toujours contente de voir ses sept enfants. Nous, cela nous fait plaisir de faire la fête. D’ailleurs, je fais les fêtes de Pessah, là-bas. J’irais peut-être à la synagogue de la Ghriba à Djerba (en Tunisie, NDLR), plus tard.
Et si vous n’aviez pas été un comique…
J’aurais aimé être danseur ou sculpteur. En fait, j’aurais aimé être un artiste.
Propos recueillis par Stéphane Szlos-Godin. L'article paru le 14 juin 1999 à l'Humanité.
(http://www.humanite.fr/popup_imprimer.html?id_article=291330)
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